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livres libres
30 juin 2008

La géométrie insensée de l'amour

GUZNER, Susana. La géométrie insensée de l'amour.  Editions des femmes-Antoinette Fouque, 2002. 510p.
Livre participant à la troisième édition de Masse masse_critiqueCritique sur Babelio

416YBS4F8PLLa narratrice, Maria, a perdu sa compagne emportée par un cancer.  Elle peut cependant compter sur un entourage bienveillant : des parents aimants, une joyeuse bande d'amis qui forme une seconde famille et un travail enrichissant.  Alors qu'elle est bloquée à l'aéroport de Rome, elle croise la magnifique et flamboyante Eva.  C'est le coup de foudre entre les deux femmes mais la situation est loin d'être simple, Eva est hétérosexuelle et de surcroît pas libre.  De plus cette dernière, étrange et intrigante, entoure sa vie d'un inquiétant halo de mystère semant confusion et doute dans l'esprit de Maria.

Voilà un livre qui me laisse bien perplexe et dubitative.  L'histoire est plutôt bien écrite et le personnage de Maria, la narratrice est attachant.  L'auteur parvient également à créer une tension et un climat inquiétant qui accrochent le lecteur.  Par-contre Susana Guzner ne nous épargne absolument aucun des clichés sur l'homosexualité (un comble pour un auteur elle-même lesbienne !).  On trouve ainsi la lesbienne masculine qui fume comme un pompier et qui se conduit avec sa compagne comme le pire des macho, le meilleur ami gay inconstant, volage et spirituel et l'amie hétéro malheureuse en mariage.  Les deux héroïnes sont belles, riches, cultivées et intelligentes et elles passent la plupart de leur temps dans des hôtels de luxe et les restaurants.  Le ton utilisé par l'auteur est aussi parfois énervant car trop professoral et donneur de leçon; une mise en garde sur les dangers du sida nous est par exemple rappelé de manière assez peu subtil lors de la première scène d'amour, ce qui donne un côté un peu artificiel à l'histoire.
En fait, je me suis beaucoup demandée où voulait en venir l'auteur avec cette histoire, cette dernière, psychologue  est née en Argentine, pays qu'elle quitte pour fuir la dictature militaire, et s'installe en Espagne.  Il y a peut-être une volonté  de rendre moins tabou l'homosexualité féminine, l'ouvrage connaît d'ailleurs un grand succès en Espagne.  Je pense cependant que raconter l'histoire de femmes plus ordinaires aurait gagné en profondeur car on peut difficilement s'identifier à ces personnages nés avec une cuillère d'argent dans la bouche, de plus l'homosexualité parait plus acceptable quand elle concerne des personnes peu accessibles et qu'on a peu de chance de rencontrer dans son quotidien.  Un avis mitigé donc, si je ne me suis pas ennuyée, j'ai trouvé l'histoire très politiquement correct et peu crédible.

Je voudrais également mentionner ici la maison d'éditions "des femmes" (que je remercie au passage pour l'envoi de ce livre) qui a publié cet ouvrage et dont la démarche volontariste de publier des écrits de femmes a toute  ma sympathie.

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Commentaires
A
...Et dans le même website Monica répond:<br /> "Après avoir lu la critique signée par Le Ferrand, je suis restée avec la sensation qu’elle parlait d’un autre roman. Pourquoi ? En premier lieu, la protagoniste ne vit pas « une vie balisée, encadrée, avec la petite dose d’indépendance qui lui suffit pour ne pas se sentir étouffer. » Au contraire, il s’agit d’une traductrice reconnue et prestigieuse qui mène une vie indépendante et libérale. Au moins, elle est ainsi décrite par Susana Guzner, comme nous l’avons tous compris au sujet de María. Plus tard, elle ajoute « bref, chassés-croisés, larmes, frissons, doutes, serments d’amour, ruptures et réconciliations sous la couette font l’essentiel de ces 250 pages (en réalité 310), [etc.] . » Ce ne se produit pas non plus dans le roman ou pas au moins avec la légèreté que la critique décrit. C’est vrai que il y a un bon nombre d’excellentes digressions au sujet de l’amour et ses enjeux, mais la fatigante gymnastique de combats et réconciliations continuelles sont la responsabilité exclusive de Le Ferrand et pas de Susana Guzner. Je ne suis pas non plus d’accord avec l’idée d’un roman que ne laisse pas de place au lecteur (lectrice). Très au contraire, la capacité de Guzner de nous impliquer dans les avatars des protagonistes a été l’aspect le plus souligné par ceux qui ont lu le roman. Des phrases telles que « j’ai l’impression d’avoir connu les personnages depuis toujours » ou « on se sent au milieu d’eux, en ayant la sensation de participer dans ses émotions et ses conversations » ont été les plus répétées dans les chats, listes de discussions et critiques, pas seulement en Espagne mais n’importe où La géométrie insensée de l’amour a été lue (ce qui inclut le Monde entier).<br /> <br /> De plus, la conclusion de la critique est réductrice et disqualifiant : « a romance en question est plombée par un conformisme assez surprenant au regard des ambitions de l’auteur et si le roman se lit sans déplaisir, il laisse un certain agacement de s’être laissé entraîner dans cette love story sucrée vaguement bobo » (quelle dure expression, n’est-ce pas ?). Ce n’est pas le cas de La insensata geometría del amor qui a des qualités universelles et, par conséquence, littéraires. La insensata geometría del amor peut plaire ou pas mais il est aussi vrai qu’il s’agit d’un roman bel et bien écrit et avec un impeccable style littéraire. « Aujourd’hui, la traduction française nous dira si l’effet Guzner a le pouvoir de passer les frontières », on demande CLF... Je suis convaincue l’intelligence et la sensibilité des lecteurs français et de l’événement de ce beau roman.<br /> <br /> Finalement, je voudrais présenter mes excuses pour le français précaire qui a privé dans ce commentaire. Monica Ortega Bogotá, Colombia".<br /> <br /> Sorry, Manolos, c'est la vie ;-))
M
un avis qui rejoint le mien et écrit par Catherine Le Ferrand<br /> http://www.avoir-alire.com/article.php3?id_article=6863
M
N'y a-t-il donc personne sur la planète qui partage mon avis sur ce bouquin ? Bon et bien si tu as aimé tant mieux, en tout cas je ne pensais pas qu'il susciterait ce petit débat ! Mon principal reproche est qu'il est bien trop caricatural. Concernant la littérature je suis d'accord avec toi et parlé de littérature lesbienne n'a pas plus de sens que de parler de littérature hétéro.
A
Je ne crois pas qu'il existe une "littérature lesbienne". Il est la Littérature, puis les différents arguments. J'ai également adorer La géométrie insensée de l’amour, a mon avis un roman parfaitement crédible, passionnant, avec des caractères profondes et délimitées avec excellence. María et Eva n'ont pas des problèmes d'argent ou de travail?<br /> Vrai. Quel est le problème? Ni Gatsby et de nombreuses autres figures littéraires. Ils sont moins mythique, je me demande?<br /> Une question de goût, Manolos.:-))
M
Je le répète, ce livre ne m'a pas ennuyé mais je le trouve bourré de clichés, je n'y connais rien en littérature lesbienne (je ne savais même pas qu'il en existait une !) mais j'ai eu du mal à m'identifier à ces héroïnes. Là aussi je me répète mais mettre en scène des femmes ordinaires aurait été plus crédible mais c'est peut-être aussi plus dérangeant. Ceci dit c'est bien sympa de donner ton avis, je ne suis pas une experte et les avis contraire sont toujours bienvenues et me font réfléchir.
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